Phytobac® : dégradation naturelle des effluents de traitement
Pour préserver la qualité de l'eau, la réglementation impose de traiter les effluents phytopharmaceutiques. Le Phytobac® mis au point par Bayer recrée les conditions d'un sol en circuit fermé afin de bénéficier, en accéléré, du pouvoir de dégradation des micro-organismes. Explication et mode d'emploi.
« Simple mais pas simpliste ! »
C’est en ces termes que Jean-Yves Darmedru, consultant en environnement, qualifie le Phytobac, un procédé de dégradation des effluents phytosanitaires mis au point par Bayer. La recette repose sur un principe naturel, le pouvoir épurateur des micro-organismes qui se trouvent naturellement dans la terre, et sur deux phénomènes physico-chimiques : la dégradation et l’évaporation.
Mais, pour que ce processus biologique s’accomplisse efficacement et en continu, il faut créer les bonnes conditions, et là, la technologie entre en jeu.
Un procédé naturel et sans entretien
« Phytobac est adapté aux petites comme aux grandes exploitations et demande peu de manipulations. »
Ce sont les utilisateurs et les experts Phytobac de la distribution agricole qui aident à l’installation de ce procédé qui en parlent le mieux : « C’est important pour nous de montrer à nos élèves les bonnes pratiques », souligne le chef d’exploitation du Lycée agricole de la Côte-Saint-André (38).
De son côté, Alain Morel des établissements Magnan (04) relève l’intérêt de l’absence de déchets et de traitement. « C’est un des rares systèmes où la dégradation se fait naturellement par la terre. » Le substrat contient juste deux tiers de terre, un tiers de paille. Le pouvoir épurateur des micro-organismes est activé par une alimentation en eau continue.
Autre avantage, l’autonomie de fonctionnement : « Il suffit juste de renouveler la paille, je conseille de le faire tous les ans », ajoute Carole Chapin, expert Phytobac pour la société Racine (83).
Marlène Gonçalvez, expert Phytobac pour Raisonnance (33) note la souplesse de l’installation : « Phytobac est adapté aux petites comme aux grandes exploitations et demande peu de manipulations. »
Enfin, « tranquillité et conformité aux normes, notamment pour les salariés, » sont les avantages soulignés par Jean-Christophe Hué, agriculteur (45).
Chaque Phytobac est unique
« Il faut trouver le bon endroit pour l’installer, la bonne dimension, voir s’il s’intègre bien dans l’environnement de l’exploitation agricole. »
A ce jour plus de 3000 phytobacs ont été installés en France. Le diagnostic s’effectue en lien avec un des 500 experts partenaires formés par Bayer. Ils disposent depuis 2012 de l’outil Phytobac on-line pour évaluer le projet. En effet, chaque Phytobac est spécifique et se construit en fonction des contraintes de l’exploitation, du volume annuel d’effluents à épurer, de la configuration du site. L’agriculteur peut opter pour un Phytobac prêt à l’emploi ou le réaliser lui-même en lien avec l’expert.
L’étude des volumes d’effluents produits sur l’exploitation incite naturellement l’agriculteur à mettre en œuvre les bonnes pratiques pour diminuer ou optimiser ces quantités de déchet, ce qui contribue à une agriculture durable.
Deux sociétés partenaires de Bayer, Biotisa et Hermex, construisent des Phytobacs clés en main. Les équipements complets sont commercialisés via le distributeur agricole responsable du diagnostic et selon le projet établi par l’expert Phytobac et l’agriculteur.
L'installation d'un Phytobac : les points clés
- Installation du Phytobac près de l’aire de lavage et du local phyto.
- Pour optimiser le pouvoir épurateur des micro-organismes, il faut placer le Phytobac dans un lieu ensoleillé. Il doit être ventilé et couvert.
- Le diagnostic réalisé par les experts permet de bien dimensionner le Phytobac. Un optimum de 20 % d’humidité dans le substrat est recherché.
- Le mélange se compose de 2/3 de terre végétale et 1/3 de paille. Il est recommandé mais non obligatoire de le renouveler tous les 5 ans en cultures pérennes et tous les 10 ans en grandes cultures.
- Le substrat peut être épandu aux champs au bout de 5 mois de stockage sans apports d’effluents, à raison de 10m3/ha suivi d’un travail superficiel du sol. L’épandage devra respecter les règles définies dans l’arrêté du 4 mai 2017.
- Les experts agréés Phytobac accompagnent l’agriculteur et assurent la formation des salariés.
- Pour être conforme à la réglementation, chaque apport d’effluent dans le Phytobac doit être enregistré .
Phytobac : une idée qui vient d’un agriculteur
« Comment faire pour que mes résidus de produits phytosanitaires ne contaminent pas les puits de mes voisins ? »
Tout a commencé en 1991 dans une ferme suédoise. Un agriculteur, embarrassé par les reliquats de traitement s’est dit : « Comment faire pour que mes résidus de produits phytosanitaires ne contaminent pas les puits de mes voisins ? »
Pour répondre à cet enjeu environnemental, l’université des sciences agricoles suédoise a initié le projet de lit biologique. Le principe du Phytobac était inventé mais le procédé devait être adapté aux exploitations françaises. En 1997, Bayer (à l’époque Rhône-Poulenc), en lien avec l’Inra de Dijon, revoit le concept. Il fallait surtout pouvoir installer le support de dégradation biologique dans des bacs étanches, créer un système d’arrosage automatique du substrat pour obtenir un fonctionnement régulier... En 2000, les premiers Phytobacs sont construits et expérimentés dans 30 exploitations. Le procédé a été reconnu en 2007 par le ministère de l’Agriculture. Le transfert d’expertise est organisé vers la distribution agricole avec l’agrément d’experts.