Bayer confirme son virage vers le biocontrole

Développer des solutions de biocontrôle s’affiche au cœur de la stratégie d’entreprise de Bayer. Dans un contexte de réduction d’utilisation des produits phytosanitaires, l’enjeu est de taille : innover pour satisfaire les agriculteurs et les consommateurs, soucieux de préserver l’environnement et leur santé. Feuille de route, investissements, innovations, actions sur le terrain… Caroline Protat, Directrice marketing de Bayer France, nous présente les ambitions de l’entreprise pour une agriculture durable.

« Nous voulons nous donner les moyens de mettre au point les innovations utiles pour asseoir l’agriculture de demain, sur toutes les cultures. »

Caroline Protat
Directrice marketing chez Bayer

Le biocontrôle est un marché en pleine croissance. La profession agricole ambitionne d’arriver en 2025 à 15% du marché des protections de plantes. Comment se positionne Bayer sur ce nouveau marché ?

« Les agriculteurs et les consommateurs ont de fortes attentes pour produire et consommer de façon plus durable en protégeant l’environnement et leur santé. Et dans un contexte de réduction d’utilisation des produits phytosanitaires, l’enjeu est de taille : nous devons innover pour satisfaire les agriculteurs et les consommateurs, soucieux de préserver l’environnement et leur santé. La stratégie de Bayer en France repose sur quatre piliers : les semences, le biocontrôle, l’agriculture numérique, et les produits conventionnels de protection des plantes. Les solutions ou produits de biocontrôle font donc partie de la boîte à outils des producteurs. Nous voulons nous donner les moyens de mettre au point les innovations utiles pour asseoir l’agriculture de demain. »

Que représente les investissements de Bayer sur le biocontrôle ?

« Le marché du biocontrôle représente aujourd’hui 5% du marché de la protection des plantes. On estime qu’il va doubler d’ici 5 ans. Chez Bayer, on investit depuis plusieurs années déjà dans le développement de solutions de biocontrôle. En 2012, elles ont pris une dimension stratégique avec l’acquisition d’Agraquest, alors leader dans la production et la sélection de bactéries. Puis, les acquisitions de Prophyta (expertise en production de champignons) et de Biagro (expertise en production de micro-organismes stimulateurs de la croissance des plantes, l’équivalent d’un vaccin) ont suivi. Aujourd'hui, nos solutions s’ouvrent à toutes les cultures, arboriculture, vigne, légumes mais aussi colza, betterave, pomme de terre. Chaque année, nous investissons 50 millions d'euros dans le domaine du biocontrôle. »

Quelles sont les dernières innovations Bayer en matière de Biocontrôle ?

« Chez Bayer, nous misons beaucoup sur les micro-organismes. Dans une cuillère à café de sol, il y a plusieurs milliards de bactéries et de champignons. C’est une source d’innovation gigantesque avec une grande diversité de modes d’actions. En France, la gamme actuelle de biocontrôle compte 6 produits. Il y a d’abord Rhapsody®, une solution composée de Bacillus amyloliquefaciens, lancée fin 2018 pour protéger les cultures de certaines maladies fongiques et bactériennes, dont le large spectre lui permet d’être actif sur de multiples cultures (vigne, légumes, arbres fruitiers, colza, pomme de terre, betteraves…). Nous avons également lancé Sonata®, une solution naturelle qui permet de protéger les vignes de l’oïdium en pré- et post-floraison. On compte également dans notre portefeuille de produits BioAct® Prime, pour lutter contre ces parasites invisibles du sol que sont les nématodes (notamment sur tomates, carottes et melons) et 3 dispositifs de piégeage : Decis® trap MED pour piéger la mouche méditerranéenne des fruits en vergersDecis® trap MB, contre la mouche du brou sur noyer, et dernièrement Decis® Trap DS contre Drosophila suzukii. »

 

 

Et pour demain ?

« L’expérience et la connaissance approfondie des organismes vivants (micro-organismes) et des substances naturelles qui agissent dans nos solutions de biocontrôle nous permettront de proposer demain des solutions optimisées, c’est-à-dire plus stables, plus simples d’utilisation, et dont le niveau d’efficacité se rapprochera de celui des produits phytosanitaires conventionnels. Développer des gammes étendues de nouveaux produits de biocontrôle va prendre du temps. Pendant le temps de la recherche, il faut utiliser au mieux les produits existants en se basant notamment sur l’agriculture numérique qui va permettre une utilisation plus précise et donc plus réduite des produits phytosanitaires conventionnels.

Par exemple, en complément de nos solutions de biocontrôle, nous proposons déjà aux viticulteurs des outils de pilotage pour les aider à détecter et anticiper avec précision le risque, et la stratégie fongicide la plus adaptée. C’est ce que nous avons notamment mis en place avec l’OAD Movida® - qui permet d’évaluer le risque mildiou et oïdium à la parcelle et de déclencher au bon moment le traitement, et le Kit de détection oïdium – qui permet de détecter la présence d’oïdium, de la quantifier et d’évaluer le risque, deux à quatre semaines, selon la météo, avant les premiers symptômes dans les parcelles. »

Au quotidien, que mettez-vous en place pour que les agriculteurs adoptent ces solutions naturelles ?

« Il est certain que Bayer doit faire un effort de pédagogie, nécessaire au développement du biocontrôle en France. Cela passe par des événements professionnels, comme on a pu le faire récemment avec notre première édition de la journée « Ensemble, réussir le biocontrôle ». De nouveaux formats éditoriaux à destination des agriculteurs peuvent également nous y aider. Depuis septembre, Bayer est notamment partenaire du Mag du biocontrôle, première émission TV sur le biocontrôle.

Pour que le biocontrôle s’inscrive de plus en plus dans le panel de solutions à la disposition des agriculteurs - bio et conventionnels -, il est nécessaire d’aider les professionnels de l’agriculture à se familiariser avec ce nouveau mode de protection et à en faire un réel outil de protection des cultures. Le développement de ce marché, sur le terrain, nécessite un peu de temps car avec ces spécialités, les pratiques au champ sont totalement bouleversées. Certains agriculteurs sont prêts. D’autres moins. Nous nous appuyons sur les conseillers agricoles pour accompagner les agriculteurs dans ce changement de pratiques. Le travail avec tous les acteurs de la filière est également très important. »