Biosolutions, une gamme de produits qui monte en puissance en 2025

Pour la campagne 2024-2025, Bayer étoffe sa gamme en grandes cultures et en vigne avec les biosolutions. Comment sont évalués ces produits ? Jean-Paul Souchal, responsable biosolutions, explique la stratégie de recherche et d’expérimentation de l’entreprise.

Que rassemblent les biosolutions chez Bayer ?

Notre portefeuille de biosolutions se déploie fortement depuis deux ans. Il comprend les produits de biocontrôle et les biostimulants.

  • Les produits de biocontrôle agissent directement sur les champignons pathogènes et les ravageurs. Ainsi, hormis les macro-organismes, nous travaillons les trois autres catégories de produits définies par l’administration française. Il s’agit donc des micro-organismes, des substances naturelles et des médiateurs chimiques.
  • Quant aux biostimulants, ils renforcent la résilience de la plante et sa santé générale. Alors, ces produits se composent d’extraits végétaux,d’algues, d’oligo-éléments, de micro-organismes… Seuls les mycorhizes ne font pas partie de nos travaux.

Comment s’organise la recherche ?

Compte tenu de toutes les technologies nécessaires et du foisonnement de la recherche, on ne veut se couper d’aucune solution. Par conséquent, nous optons pour une stratégie d’open innovation. Cela signifie que nous nouons des partenariats avec des entreprises et start-ups. Ces partenariats se situent à trois niveaux.

  • Le premier partenariat est d’ordre commercial. Dans ce cas, nous devenons distributeur exclusif d’un produit découvert par une entreprise partenaire. Par exemple, c’est le cas du biostimulant maïs Best-a élaboré par Elicit-Plant et que Bayer propose pour la France depuis le 1er octobre.
  • Un deuxième type d’accord se fonde sur le co-développement. Ainsi, Bayer et son partenaire décident de mener chacun une partie du parcours du produit. Généralement, ce type de partenariat se met en place 5 ans avant la mise en marché.
  • Enfin, le troisième dispositif d’open innovations’engage au tout début de la recherche. Après avoir identifié une problématique qui peut être un bioagresseur émergeant, un retrait à venir ou un manque de produits, nous partons d’une page blanche. Concrètement, on définit un cahier des charges avec le partenaire, lequel assure la recherche des principes actifs. Ensuite, nous avançons ensemble pour la mise au point de la formulation et la constitution du dossier d’homologation.

De la recherche à la mise en marché, nous comptons dix à douze ans. Ainsi, le biostimulant A008 dont nous attendons l’AMM pour cette campagne 2024-2025 été conçu avec un partenaire .

Quelle est la part des projets de recherche sur les biosolutions issus de partenariats ?

Globalement, sur 20 projets susceptibles d’obtenir une AMM d’ici à 2029, plus de la moitié viennent de l’open innovation.

Nous avons des accords de recherche avec la société espagnole Kimitec pour les extraits de plantes. Aussi, en Espagne, nous développons avec EPA la recherche sur la confusion sexuelle pour la culture du citron. Aux États-Unis, nous sommes associés avec Ginkgo Bioworks. Outre le développement de banques de micro-organismes gérées par notre filiale historique AgraQuest, elle travaille sur les bactéries pouvant séquestrer du CO2 et fixer de l’azote. Autre exemple, avec la société M2I nous développons la gamme de confusions sexuelle Vynyty et ses techniques innovantes d’application par pompe et patch.

Comment évaluez-vous les biostimulants ?

Avec ces produits, nous changeons de méthodes. Déjà, il faut disposer de technologies de laboratoire spécifiques pour comprendre le fonctionnement de ces produits. Également, nous devons affiner celles d’évaluation au champ. Par exemple, nous expérimentons nos biostimulants en grandes parcelles. En effet, on ne peut pas faire un essai comme avec un produit phytopharmaceutique. Ces produits nécessitent des parcelles homogènes pour bien mesurer leur efficacité, d’où le recours aux micro parcelles. En revanche, les biostimulants compensent les hétérogénéités de sol. Leur rôle est bien d’accroître les performances de la culture là où le potentiel agronomique est moindre. Cependant, nous sommes aussi confrontés à une autre problématique : les essais en grandes parcelles ne sont pas reconnus par les autorités dans le cadre des dossiers de demande d’AMM.

Le digital est aussi un bon moyen pour évaluer la performance des biostimulants sur une parcelle ?

Absolument, c’est une aide précieuse et un gain de temps. Car pour bien comprendre l’action d’un biostimulant, il faut le surveiller régulièrement. On ne peut pas se contenter du seul gain de rendement. Un biostimulant peut permettre à la plante de récupérer plus vite après un stress, par exemple.

En 2022, nos collègues italiens ont expérimenté un projet de biostimulant sur 17 parcelles d’agriculteurs, en blé tendre et blé dur. Il cible notamment l’amélioration de la qualité en fin de cycle et le rendement.  Ensuite, Climate FieldView mesure la biomasse en culture et les variations de rendement au sein de la parcelle. Ainsi, nous comprenons mieux les bénéfices qu’apportent le biostimulant tout au long du cycle et sur chaque zone. 

Et avec le biocontrôle ?

Avec le biocontrôle, c’est un peu différent car les objectifs sont plus proches de la chimie des produits de protection des plantes . Par conséquent, les méthodologies en micro-parcelles conviennent mieux que pour les biostimulants. Cependant, le mode d’action est surtout préventif et les produits de biocontrôle doivent être positionnés à un moment très précis. Là encore, le digital apporte un bénéfice en aidant à leur bonne application.

Comment ces biosolutions s’insèrent-elles dans l’offre de Bayer ?

L’idée est de proposer une combinaison de solutions la plus complète possible. Elle se fonde sur de la chimie traditionnelle, des semences, du digital farming avec FieldView et Movida GrapeVision et bien évidemment les biosolutions. Nous travaillons aussi les technologies de pulvérisation de précision avec des partenaires agro-équipementiers et du numérique.