Carie : un fort pouvoir de pollution
La carie commune du blé, provoquée par le champignon Tilletia caries ou T. tritici, refait surface en France de manière inquiétante depuis quelques années.
Généralités
La carie commune du blé, provoquée par le champignon Tilletia caries ou T. tritici, refait surface en France de manière inquiétante depuis quelques années.
Le retour de cette maladie transmise par la semence ou le sol est incriminé aux semences non ou insuffisamment traitées. Le risque de pollution des parcelles est important. Or un sol contaminé peut rester infectieux près de dix ans. Depuis 2007, une norme « zéro spore » régit la production de semences certifiées.
Description
Invisible avant maturation des grains
Maladie interne à la plante, la carie commune du blé est difficile à détecter avant la maturation des grains. Elle peut cependant se remarquer grâce à une observation attentive de la forme des plantes, de leur taille et de la couleur des organes atteints. Durant la montaison, le tallage est excessif, les brins mous et les plantes un peu raccourcies.
A l’épiaison, les glumes se plaquent sur la tige de l’épi, qui paraît alors plus plat. Ces glumes, qui prennent une couleur vert-bleu, se redressent progressivement et s’écartent pour donner un aspect ébouriffé.
Sur les grains, enfin, les symptômes sont flagrants. Les grains infectés, qui prennent une couleur olivâtre puis noire, sont plus globuleux, plus épais et plus courts : leur intérieur est remplacé par une poudre noirâtre de spores. Ces grains sont très friables : une simple pression les écrase et libère les spores. D’où les nuages noirs observables à la récolte.
Ces spores sont très malodorantes : l’odeur de poisson avarié est caractéristique de la maladie. Une odeur qui rend la commercialisation impossible.
Nuisibilité
20 q/ha de perte potentielle
La carie possède un pouvoir exceptionnel de propagation : 1 % d’épis touché à la récolte peut donner jusqu’à 62 % d’épis cariés si le grain récolté est utilisé comme semence.
Si les pertes restent très faibles la première année sur une parcelle, elles peuvent en revanche atteindre 20 q/ha l’année suivante avec les semences qui en sont issues.
Le nombre de spores par grain se situe entre 700 et plusieurs milliers lorsque 1 % d’épis carié est seulement observé. Or seules 30 à 40 spores par grains suffisent pour provoquer la maladie.
Par ailleurs, un sol contaminé peut rester infectieux près de dix ans.
Cycle
Conservation dans le sol ou la semence, dissémination dans la plante
La carie commune du blé est due à un champignon dont la partie végétative, le mycélium, croît à l’intérieur de la plante : il part de la semence ou du sol, s’attaque au coléoptile avant la levée du blé et gagne peu à peu de manière invisible la tige puis les épis et enfin les grains, où une sporulation a lieu. Ces spores prennent la place du germe et de l’amande, seules les enveloppes du grain demeurent jusqu’à la récolte.
A la récolte, les grains cariés éclatent et contaminent les grains sains : une partie des spores restent sur les grains, une autre tombe au sol et s’y conserve pour germer les années suivantes.
Attention, les spores sont également propagées par le matériel et le vent.