Cercosporiose de la betterave, une maladie foliaire à progression très rapide

Depuis 2022, la cercosporiose de la betterave touche toute la zone betteravière. Active dès juin, elle peut contaminer rapidement une parcelle, entraînant jusqu’à 30 % de pertes de rendement racine et une baisse de la richesse en sucre.

Définition

La cercosporiose (Cercospora beticola) est une maladie des feuilles très problématique. Elle apparaît en début d'été et se propage rapidement sous des conditions favorables (25-32° C, humidité foliaire). Elle cause d'importantes pertes de rendement (jusqu'à 30 %) et une baisse de richesse.

Description

Sur les feuilles, la cercosporiose laisse, à partir de mi-juin, de petites taches de 4 à 5 mm de diamètre : ces taches sont grises avec une bordure rouge ou brune. En regardant sous les feuilles, on peut voir, au centre des taches, de petits points noirs correspondant aux fructifications.

Le dessèchement des feuilles est ensuite observable lorsque ces taches se multiplient. Suite à la disparition de son feuillage, la plante réagit en formant de nombreuses repousses et le collet s’allonge.

Les premiers symptômes apparaissent au niveau de quelques plantes qui forment un foyer. La maladie s’étend ensuite à l’ensemble de la parcelle.

Nuisibilité

La disparition du feuillage et la formation de nombreuses repousses provoquent d’importantes pertes en poids et en sucre. Si les attaques sont précoces ou en zone irriguée, la maladie engendre jusqu'à 30% de baisse du poids racine. Elle conduit aussi à la perte de 1 à 2 points de richesse.

Cycle biologique

Après récolte, l’inoculum de cercosporiose reste dans les résidus de betteraves. Dès lors, le champignon peut persister trois ans sous forme de pseudostromate, favorisant la maladie si la rotation des cultures est trop courte. Le risque est particulièrement important près des anciens silos. De plus, les conidies (spores) survivent pendant 8 mois environ.

Les contaminations primaires débutent avec une température douce et de l’humidité. Les conidies disséminées par la pluie et les éclaboussures atteignent la face inférieure des feuilles. Si la température dépasse 15 °C et si l'humidité relative est d'au moins 60 %, elles germent, émettent des hyphes qui pénètrent dans les feuilles via les stomates.

Ensuite, le mycélium envahit le parenchyme foliaire, libérant deux toxines (cercosporine, beticoline) et des enzymes. Ce mécanisme cause la nécrose des cellules et l’apparition des tâches si caractéristiques sur le feuillage. Les conidiophores correspondent aux fructifications noires qui se forment au centre des tâches et produisent les conidies.

Ainsi, ces symptômes apparaissent 5 jours après l’inoculation. La sporulation se poursuit pendant 7 à 21 jours selon les conditions climatiques. Une lésion jeune sur feuille produit des spores en 3 jours, avec un pic à 10 jours et jusqu’à 250 millions de spores/plante (Source ITB).

En cours d’été, la germination des conidies exige une humidité supérieure à 80 %. La sporulation et l’infection sont optimales entre 27-32 °C avec une humidité foliaire > 80 % pendant 5 à 8 heures.

Les cycles s’enchainent tant que les conditions climatiques sont favorables. La durée d’un cycle est de l’ordre de 15 jours en conditions moyennes pendant la période juillet-septembre.

Remarque : C. beticola infecte également les chénopodes, épinards, quinoa, le céleri...