Herbinnov Centre : le vulpin à l’épreuve de toutes les techniques agronomiques

Ferme de Cravant, Loiret (45)

La mission de la Plateforme de désherbage Herbinnov Centre localisée au cœur de la petite Beauce est de proposer des pratiques alternatives au tout chimique adaptées aux cultures de la région Centre permettant de préserver la propreté des parcelles de manière responsable et durable. Chacun pourra s’inspirer des différents itinéraires techniques travaillés et piocher selon ses problématiques, ses pratiques, la nature de ses sols.
Allongement de la rotation, labour, décalage de la date de semis, désherbage mécanique, faux semis, herbicides, et demain… le digital farming. Tout est mis en place pour maîtriser durablement les adventices, en particulier le vulpin.


Caractéristiques de l'exploitation :

  • Problématique
    Début de résistance du vulpin aux herbicides de la classe A
  • Cultures céréales
    Colza, maïs, pois
  • Sol
    Argilo limoneux, 150 ha
  • Superficie de la plateforme
    2 ha, scindée en 2 rotations : blé/colza/orge et blé/maïs/colza/betteraves/orge


Régis Riby, agriculteur à Cravant dans le Loiret, a réservé, sans hésiter, près de deux hectares de sa sole aux essais désherbage Herbinnov Centre conduits par l’équipe régional Bayer de la région Centre. 
« Avec ce dispositif d’essais, je contribue à trouver de nouvelles solutions de désherbage pour ne pas vivre une situation d’impasse, témoigne-t-il. Et bien sûr, partager avec tous les résultats obtenus sur mon exploitation est important pour améliorer nos techniques. »

Installé depuis 3 ans sur la ferme familiale de 150 ha mixant rotation courte et rotation longue sur les parcelles irriguées, il poursuit cette démarche d’ouverture et de progrès technique amorcée par son père avec Bayer dans de précédents essais. Alors tout naturellement, il a accepté à l’automne 2017 que les premiers semis soient réalisés sur une de ses parcelles reprises à un autre agriculteur, il y a près de 5 ans. Cette parcelle à l’historique peu connu a montré de la résistance des vulpins aux herbicides de groupe A (pinoxaden, clodinafop…).
L’efficacité des herbicides de la famille des ALS est à ce jour préservée néanmoins une dérive d’efficacité semble apparaitre.

Évaluer l’impact de la rotation pour diminuer la pression du vulpin

La parcelle d’essais accueille pour 5 ans deux programmes de rotation : l’un classique avec une succession colza - blé - orge, l’autre, centré sur l’introduction de cultures de printemps, au cycle végétatif court. Le choix s’est porté en 2017 sur les lentilles, le maïs et la betterave. L’objectif de la plateforme étant de couvrir un maximum de cas de figures, la partie de l’essai dit « classique » a en plus été scindée en deux pour éprouver l’efficacité du labour.

« Tous les agriculteurs ne peuvent pas ajouter des cultures de printemps, soit pour des raisons économiques soit parce que les terres ne s’y prêtent pas », explique Jean-Louis Chevrier, ingénieur technique en charge de la plateforme.

Conforter la boîte à outils pour mieux désherber

Depuis la mise en place de la plateforme, l’impact d’un labour, du décalage de la date de semis et d’un faux-semis avant la culture d’hiver a été évalué. Un labour a été effectué à l’automne 2017 sur une partie de la parcelle en rotation « classique ».

Résultats 2018

Les résultats concluants au printemps 2018 avec une réduction de 80% du stock semencier sont encore notables : début janvier 2019, le comptage dans les blés révèle 12 vulpins au m² pour la partie labourée en 2017 contre 90 vulpins au m² dans celle qui n’a pas été retournée.

Dans ce second cas, si rien n’est fait, une perte de rendement en blé proche de 25% est enregistrée. « Le labour apporte des effets rapidement visibles car en enfouissant en profondeur les graines, le stock de semences qui peuvent lever est significativement réduit », indique Jean-Louis Chevrier. Le faux-semis pratiqué par contre en août 2018 sur l’ensemble des modalités n’a pas fonctionné en raison d’un temps trop sec. D’où l’intérêt de pourvoir s’appuyer sur une gamme de leviers, de les tester, à mesure, selon les problématiques et les conditions de l’année. 

« Nous allons ce printemps passer la herse étrille dans ces blés infestés, au stade tallage, et nous avons un projet de travail mécanique dans le maïs pour diminuer le nombre de passages », complète-t-il.

Quant aux cultures de printemps introduites en 2018, lentilles, maïs, betteraves, elles ont fait leurs preuves avec peu de vulpins recensés dans leurs rangs. Non seulement le cycle biologique de l’adventice a été perturbé mais en plus, les molécules utilisées sur ces cultures appartiennent à d’autres familles chimiques. En 2019, le maïs, la betterave et l’orge de printemps seront semées sur la parcelle en rotation longue.

Le bon positionnement des herbicides de printemps à l’épreuve

À l’automne 2018, le projet herbicide composé de diflufénicanil, flufénacet et aclonifène, dont l’homologation devrait intervenir au printemps 2019, a été testé. L’expérimentation ne serait être complète sans les programmes herbicides automne puis sortie hiver.

« En sortie d’hiver, nous allons étaler les dates d’intervention avec les solutions de type Mésomaxx®, pour ré-évaluer, lorsque les conditions météo sont favorables, le meilleur moment », précise Magalie Devavry, ingénieure technique Bayer.

Au printemps 2019, des visites de la plateforme seront proposées, plus d’informations dans les semaines à venir.