Référente pour la région Nord, la plateforme expérimentale Herbinnov localisée non loin de Roye dans la Somme rassemble différentes mesures agronomiques applicables sur les cultures locales afin de maitriser au mieux les populations de graminées dans les céréales. L’étude de l’impact des leviers agronomiques mis en place sera croisée avec différentes stratégies de désherbage sur deux types de rotation.
Parmi les leviers explorés sur cinq ans : l’insertion d’une culture de printemps dans la rotation, le décalage de la date de semis, le faux-semis, le labour, le désherbage mécanique et l’utilisation des couverts végétaux.
Caractéristiques de l'exploitation :
- Problématique
Forte pression vulpin avec 1200 pieds au m² dans les témoins - Cultures céréales
Blé, escourgeon, pois, tournesol, maïs, betterave et patûre (fourrage chevaux) - Rotation
Rotation classique avec des cultures d’hiver et une rotation qui inclut des cultures de printemps - Superficie
90 ha
« Le but de cette plateforme est vraiment de comparer l’impact des leviers agronomiques sur le long terme. »
La gestion des graminées dans les parcelles de céréales est une problématique majeure dans la région. Le site sélectionné pour héberger la plateforme expérimentale Herbinnov en est une belle illustration. Située à Tilloloy, elle a été mise en place chez Hugues Comyn sur une parcelle qui fait face à une grosse infestation de vulpins. Avec jusqu'à 1200 pieds/m² dans les témoins, c’est un support idéal pour tester différentes stratégies de désherbage mixte avec des leviers agronomiques et chimiques.
La rentabilité, est aussi l’objectif du travail effectué sur cette plateforme. Le but est d’obtenir un raisonnement technico-économique et de rechercher les alternatives qui permettent à la fois d’assainir les parcelles mais aussi d’avoir un bilan économique satisfaisant pour l’agriculteur.
À l'automne : les notations en blé effectuées mi-novembre montrent un niveau d’infestation plus faible dans les parcelles d’essais semées le plus tardivement : - 700 pieds de vulpins/m² en comparaison avec le témoin à la date de semis plus précoce.
Déclinaison des essais autour de l’agronomie
Sarah Fatmi, animatrice technique et commerciale en charge de la plateforme d’essais, reste optimiste sur la baisse attendue de la pression des vulpins suite à la mise en place des leviers agronomiques : « Hughes Comyn est vraiment ouvert à la mise en place de nouvelles pratiques agronomiques pour gagner en rentabilité et diminuer l’infestation de sa parcelle, explique-t-elle. Son objectif de rentabilité et de diversification nous donne de la flexibilité et nous permet de rester dans une démarche pragmatique. »
Deux types de rotation sont programmés sur la parcelle afin de comparer leurs impacts sur la population de vulpins : une rotation dite classique avec des cultures d’hiver pois/blé/blé et une rotation qui inclut des cultures de printemps pois/blé/maïs.
Trois itinéraires techniques sont travaillés sur le blé cet automne. Le premier itinéraire sert de témoin « sans agronomie » avec une date de semis classique et un travail du sol superficiel avant l’implantation. Sur le deuxième itinéraire, la date de semis est décalée. Ce report permet de réaliser un faux-semis avant l’implantation du blé. Sur le troisième itinéraire, le blé a été implanté dans un couvert de luzerne. Ces trois itinéraires sont dupliqués sur deux blocs : un avec labour et un sans labour. En effet, l’impact du labour sera ainsi évalué à l’échelle de la rotation et non de la parcelle.
Évaluer la pertinence des stratégies de désherbage dans une parcelle à forte infestation
Quatre modalités de traitement herbicides sont appliquées sur chaque itinéraire technique : un seul traitement à l’automne, deux traitements à l’automne, un seul traitement en sortie d’hiver et un traitement d’automne suivi d’un traitement sortie d’hiver : « Le but de cette plateforme est vraiment de comparer l’impact des leviers agro sur le long terme, ajoute Sarah Fatmi. Raison pour laquelle nous ne réalisons pas d’essais classiques de comparaison de produits. Le protocole chimique reste simple. » La priorité est de rester pédagogique.