Lanceur de dialogue constructif
Avoir commencé à dialoguer avec ses riverains avant tout le monde se révèle aujourd’hui être un sacré atout. En 2016, Damien Chombart a créé sa propre charte de voisinage. Aujourd’hui, il est fier de nouer ce dialogue régulièrement pendant la période de traitement. La campagne d’information est amorcée chaque année après une réunion sur le domaine qu’il souhaite “sans retenue”. Le fil conducteur de ce moment d’échange : montrer ses aménagements pour plus de sécurité et de respect de l’environnement. Inspirant.
Ce dossier est extrait du magazine Le Sens de La vigne N° 19 - Juin 2020 (version pdf, consultable en ligne)
Damien Chombart est un pionnier de la communication avec les riverains. La charte qu’il a créée voici quatre ans est, plus que jamais, d’actualité. Il l’a nommée la charte du bien vivre ensemble. Tout est dit. Bien vivre ensemble signifie pour lui : dialoguer, en toute transparence. Et aussi comprendre l’autre. Pour cela, il multiplie les canaux d’échanges : envoi de SMS avant les traitements, pour prévenir des périodes de vendanges, partage d’informations par mail, et surtout, invitation à une réunion annuelle. Programmée plutôt en mars, avant la période tendue des travaux dans les vignes, elle réunit le noyau dur de la première heure, ceux qui ont co-construit la charte avec lui, une vingtaine de voisins. Mot d’ordre : aucun sujet tabou, toutes les questions peuvent être posées. Ce groupe s’est étoffé depuis, pour rassembler une quarantaine de personnes. Une grande fierté : “30 % de mes voisins me suivent aujourd’hui, j’aimerais plus”.
« Montrer mes pratiques, expliquer pourquoi je traite et comment, quelles sont les précautions prises pour respecter la santé et la sécurité des hommes tout en minimisant mon impact sur l’environnement constituent la base d’un dialogue constructif. »
Pouvoir aborder tous les sujets
Si cet échange reste convivial, autour d’un verre évidemment, il permet aussi de sensibiliser aux contraintes du métier de viticulteur. Les participants sont très bien informés sur les pratiques. “Je leur explique alors mes démarches de progrès, mes projets, quel équipement je compte acquérir et surtout, je réponds à leurs questions.” Certains interrogent sur le glyphosate, demandent s’il utilise des produits classés CMR. “Je parle sécurité des applicateurs, buses antidérives, biocontrôle, essais de vignes conduites en bio”.
Il expérimente cette année la nouvelle version de Movida® pour suivre avec précision l’évolution du risque oïdium. “Au fil de nos discussions je sens vraiment que leur regard change. Certes, ils veulent que nous modifiions nos pratiques mais ils acceptent le pas du temps, en comprenant mieux notre métier.”
2020, une communication axée sur la biodiversité
Cette année, en raison du confinement, il a dû se contenter d’envoyer un livret reprenant les points clés des aménagements prévus sur l’exploitation pour favoriser la biodiversité ainsi que ceux déjà engagés. “Une façon de prouver que mon travail est compatible avec le respect de la faune et de la flore”, relève-t-il. Trois ruches doivent être installées mi-avril en partenariat avec un apiculteur non loin de jachères fleuries. Il progresse dans le désherbage mécanique et prévoit de planter une haie, en haut de la propriété, non loin des premières maisons, pour mieux les protéger. Les plantations se feront lorsque l’investissement sera possible. Il a malgré tout un regret : “Ne pas avoir pu leur annoncer de vive voix l’obtention en début d’année de la certification Haute valeur environnementale du vignoble”.
La création de la charte du "bien vivre ensemble"
Les 4 étapes :
- Une première rencontre a été réalisée en décembre 2015 avec le conseil municipal
- Une vingtaine de voisins a répondu présent en mars 2016 pour visiter le domaine. La carte de la transparence a prévalu
- Une réunion a été menée un mois plus tard par une communicante. Les voisins avaient 20 minutes pour répondre à deux questions-clés : “Quels sont les (dés) agréments auxquels vous êtes confrontés”, “Quel type d’information et par quels moyens souhaitez-vous que le château réponde à vos interrogations”
- À la troisième réunion, Damien Chombart a présenté la charte d’engagement du “Bien vivre ensemble”. Il l’a rédigée, avec Isabelle Ladevèze de Bayer, à partir des demandes qu’il pouvait satisfaire. La principale étant de les alerter par SMS lorsqu’il doit traiter. La charte a été cosignée par tous.
Les conseils de Damien Chombart pour engager le dialogue
- Rencontrer les personnes une par une la première fois pour expliquer la démarche.
- Entretenir régulièrement le lien par SMS, mail.
- Ne pas hésiter à parler de ses projets et à montrer. La réunion annuelle est un bon moyen de présenter les aménagements sur place : aire sécurisée, Phytobac®, local, matériel de pulvérisation avec jet porté.
- Pour communiquer, il existe des kits qui guident pour s’approprier des éléments de langage, organiser les échanges.
