L'essentiel sur la biologie des mauvaises herbes
Avant de désherber, savoir à qui on a affaire se révèle bien utile… question de stratégie. Ce qui compte : bien cerner la période de levée de l’adventice ainsi que le stade où il faudra agir pour la détruire. La capacité à germer dans le temps comme dans le sol et la production de graines par pied renforcent le pouvoir de nuisibilité des mauvaises herbes. Ces deux critères sont tout aussi importants à appréhender.
Les époques de levées
Quand lèvent les mauvaises herbes ? En connaissant bien leur cycle, la rotation est optimisée en conséquence pour casser les cycles biologiques. En cas de fort salissement, mieux vaut réajuster la succession en introduisant soit une culture de printemps, soit une culture d’hiver.
La profondeur de germination
La grande majorité des graines lèvent dans les premiers centimètres du sol. A 5 cm maximum, elles sont vite activées dès que les conditions climatiques sont réunies. Les levées souvent homogènes sont plus faciles à détruire. La technique du faux semis est souvent pratiquée pour éliminer ce type d’adventices.
Certaines graines lèvent profondément, au-delà de 10 cm : c’est le cas de la folle avoine. Le labour n’est pas très efficace sur cette mauvaise herbe. D’autres témoignent de plus de faculté d’adaptation. Ainsi, si la profondeur de germination optimum du vulpin se situe autour de 1,5 cm, des graines lèvent encore à 12 cm. Bien souvent cela occasionne des levées échelonnées.
La survie dans le sol
La viabilité d’une graine est caractérisée par le Taux annuel de décroissance dans le sol ou TAD. Il exprime le pourcentage de graines du stock d’une espèce qui se dégrade au bout d’une année d’enfouissement dans le sol. Les graminées ont des TAD élevés, donc sont vites dégradées. Le brome a même un TAD proche de 100 % ! La plupart des graminées annuelles ont un TAD transitoire et peuvent persister 3 à 4 ans.
Les dicotylédones ont par contre une plus longue durée de vie, surtout pour celles qui lèvent en été comme les renouées, amarantes… Une graine de coquelicot pourrait encore être viable au bout de 40 ans ! Cette caractéristique de l’adventice est encore plus dommageable si la plante a une forte aptitude à produire des graines. Néanmoins, toutes les graines viables dans le sol ne lèveront pas forcément. Se greffe aussi la notion de dormance, propre à chaque espèce. Quant au germe, il rencontre de nombreuses barrières à franchir. Il faut qu’il puisse sortir de terre. Un enfouissement trop profond, une croûte de battance freinent la formation de la plantule.
La grenaison
La grenaison, liée à une espèce, fluctue selon les conditions pédoclimatiques de la parcelle. Un coquelicot sur chaume produit 20 000 graines par pied. En couvert spontané, il multiplie par deux sa productivité avec 40 000 graines par pied ! Cette donnée, croisée avec le TAD, est un bon moyen pour envisager le risque à la parcelle et déterminer le besoin de désherber.
Le seuil de nuisibilité, un indicateur suffisant ?
De nombreux travaux ont permis d’établir pour les principales adventices le nombre de pieds/m² à partir duquel une chute de 5 % du rendement est observée. Ces seuils sont donnés à titre indicatif et varient, parfois fortement, selon la région, les cultures.
Une folle avoine a un seuil de 10 pieds/m² dans le nord et de 15 à 20 dans le sud. Par ailleurs cette densité ne révèle pas le pouvoir de nuisance du stock semencier dans le sol pour les cultures suivantes.
Reconnaître les mauvaises herbes au stade plantule
La reconnaissance de la graminée est plus facile à son stade 3 à 4 feuilles. L’observation se porte sur la section de la tige, puis sur la présence ou non d’oreillettes, ou celle de poils.
Les critères d’observation sont :
- le limbe
- la ligule
- l’oreillette
- la gaine
- la tige.