Limaces : de redoutables ravageurs

Dix espèces de limaces sont présentes en France, mais deux d'entre-elles sont réellement préjudiciables pour les cultures : la limace grise ou loche, Deroceras reticulatum, et la limace noire ou horticole, Arion hortensis.

Généralités

Dix espèces de limaces sont présentes en France, mais deux d’entre-elles sont réellement préjudiciables pour les cultures : la limace grise ou loche, Deroceras reticulatum, et la limace noire ou horticole, Arion hortensis. Savoir les différencier est important car la lutte à mettre en œuvre est spécifique à chaque espèce. Le point sur ces ravageurs nuisibles à toutes les cultures.

Description

Deux espèces à différencier

La limace est un gastéropode nocturne : elle se déplace essentiellement la nuit et reste abritée durant la journée, sauf en période d’humidité et de températures douces. Le piégeage est donc recommandé pour pouvoir les observer. Apprendre à différencier les deux espèces nuisibles aux cultures est par ailleurs important : la limace grise et la limace noire présentant une activité différente, elles doivent faire l’objet d’une lutte adaptée.

  • La limace grise ou loche, Deroceras reticulatum :

La limace grise, adulte, est de couleur gris beige, plus ou moins tacheté, tandis que la jeune limace prend plutôt une teinte rouge violacée. Elle mesure entre 4 et 5 cm. Le mucus qu’elle sécrète est blanc laiteux et abondant : des traces brillantes sont alors visibles à son passage.
Cette espèce vit à la surface du sol ou dans les 7 ou 8 premiers centimètres.

  • La limace noire ou horticole, Arion hortensis :

Jeune, la limace noire se colore d’un gris bleuâtre puis, adulte, d’un noir profond. Sa taille est plus petite que la limace grise : de 2,5 à 4 cm. Son mucus se révèle en revanche incolore.
Cette espèce s’observe difficilement : elle vit principalement dans le sol.

Nuisibilité

Attaques souterraines et aériennes

Les limaces représentent de redoutables ravageurs : elles peuvent, par leurs attaques souterraines et leur consommation de graines et de germes, entraîner la destruction complète des cultures. Les dégâts qu’elles occasionnent en surface - consommation partielle des cotylédons et des plantules, blessures ou morsures de jeunes plantes et de plantes développées, conduisent quant à eux à un affaiblissement des cultures, à des retards végétatifs, à une perte de rendement et à une dépréciation de la qualité de la récolte qui provoque par ailleurs le développement de maladies de stockage.

La limace grise se nourrit essentiellement de végétaux en surface, en consommant les feuilles entre les nervures, voire les tiges, mais elle peut également occasionner des dégâts souterrains. La limace noire, en revanche, a une activité principalement souterraine et s’attaque donc aux parties non visibles des cultures, notamment les semences et germes.

Les tentacules de ce ravageur lui permettent de détecter les aliments, puis de tester leur goût avant de les consommer. L’animal est donc habitué à un type d’aliment : s’il est né dans un champ de colza, il préférera toujours le colza.
La limace grise se nourrit à partir de 0,8 °C et la limace noire à partir de 5 °C. Le pic d’alimentation se situe pour les deux espèces autour de 15-20 °C.
Les limaces se déplacent principalement la nuit, de préférence dans les sols creux et dans les couches superficielles. En conditions favorables, ces déplacements sont limités et localisés : en moyenne, sur 24 h, 3,35 m pour la limace grise et 2,59 m pour la limace noire. Mais ces distances peuvent augmenter en cas de nourriture et d’abris insuffisants. A noter par ailleurs que ces nuisibles nocturnes peuvent poursuivre leur activité la journée en période d’humidité lorsque les températures sont douces. 

Focus

Une limace consomme jusqu’à 50 % de son poids par jour en une dizaine de prises alimentaires, principalement à l’aube et au coucher du soleil. Chaque repas dure en moyenne 33 minutes.

Cycle

Une à deux générations par an

Les limaces présentent une à deux générations par an, avec des pontes qui ont lieu généralement de septembre à novembre et de mars à mai. Elles possèdent un potentiel de reproduction très élevé : 150 à 200 œufs par individu pour la limace noire et jusqu’à 300 pour la limace grise. La fécondation est le plus souvent croisée, bien que les limaces soient hermaphrodites.

La durée d’incubation des oeufs varie avec la température : pour les limaces grises, elle peut aller de 15 à 20 jours à 20 °C, à plus de trois mois à 5 °C ;  pour les limaces noires, elle varie entre 2 et 4 semaines. Ainsi, avec une ou deux pontes par an, les limaces sont présentes dans les parcelles toute l’année à différents stades. Généralement, chaque génération acquiert sa maturité en 3-4 mois, et se renouvelle un an plus tard, à l’automne ou au printemps.

L’activité de ce ravageur dépend beaucoup des conditions climatiques, mais il est capable de s’adapter pour résister au froid jusqu’à -15 °C. 

L’espérance de vie de la limace grise est de 9 à 13 mois, contre 7 à 12 mois pour la limace noire.