Réussir son désherbage d'automne tout en préservant l’environnement : les paramètres à maîtriser
Le conseil largement partagé sur le terrain, à savoir « le bon produit, au bon moment, à la bonne dose », vise l’efficacité optimale de l’herbicide. Cet impératif implique aussi de bien connaitre le fonctionnement des herbicides dans le sol et de maîtriser la qualité de la pulvérisation pour un désherbage durable, en toute sécurité. Céline Ballesteros donne des clés pour un désherbage réussi, alliant efficacité, optimisation des coûts de traitement et préservation de l’environnement.
Pourquoi est-ce essentiel de bien connaître le fonctionnement des herbicides dans le sol ?
« Connaître avec précision le mode de fonctionnement des herbicides permet de repérer la bonne fenêtre climatique pour entrer dans la parcelle et ainsi, optimiser l’efficacité du produit appliqué. Appliquer le bon produit au bon endroit : un impératif pour rentabiliser le coût du passage… Mais pas seulement. Les enjeux économiques, agronomiques et environnementaux sont liés. Cibler les adventices, et seulement elles, permet de préserver l’environnement dans et autour de la parcelle, en limitant la dérive. »
Comment se comportent les herbicides à l’automne ?
« À l’automne, à l’image des herbicides, Mateno® et Fosburi® de Bayer, la plupart des traitements utilisés ont une action principalement racinaire. Une fois pulvérisées, les matières actives patientent dans les premiers centimètres du sol avant de migrer vers les racines des mauvaises herbes. À une condition, que les premiers horizons du sol soient suffisamment « frais » : ni trop secs, ni trop détrempés. L’eau sert de taxi pour véhiculer l’herbicide jusqu’au système racinaire des adventices. Si les conditions du sol ne sont pas optimales, , les substances actives ne peuvent migrer dans l’eau du sol pour rejoindre les racines des plantes cibles : l’efficacité du traitement sera alors mise à mal. »
Le Mateno® référence herbicide d'automne, peut être une réponse en cas de temps sec. Il est composé de 3 matières actives dont l'aclonifène qui forme un film à la surface du sol, que traversent les adventices dès leur levée. L'aclonifène agit donc par contact sur les jeunes organes aériens (et non par les racines). Ainsi on observe une moindre dépendance aux conditions météo grâce à ce film localisé à la surface du sol. L'aclonifène constitue également un bon outil pour prévenir et gérer les risques de résistance dans la rotation notamment sur vulpin et ray-grass.
Sol ni trop sec, ni trop mouillé ! Vos conseils clés pour repérer le meilleur moment pour traiter et ne pas prendre de risques ?
« Un œil sur la météo des jours suivants l’application s’avère indispensable pour limiter le lessivage du produit. L’idéal étant d’éviter une pluie supérieure à 15 mm dans les deux jours ou supérieure à 50 mm dans la semaine suivante notamment pour limiter le risque de phytotoxicité. En cas de temps sec, ne comptez pas sur une hausse du volume de bouillie à l’hectare pour compenser le manque d’humidité du sol. En effet, des essais ont montré que le volume de bouillie influençait peu l’efficacité du traitement. La dose de matières actives épandue s’avère en revanche déterminante. Diminuer les doses, c’est prendre le risque, en cas de conditions très poussantes, de voir les mauvaises herbes prendre le dessus sur la culture en place. »
« Votre expérience, la bonne connaissance du parcellaire et de la rotation sont indispensables pour ajuster les programmes. »
Le bon produit, à la bonne dose, c’est l’autre volet du désherbage durable ? Comment bien choisir l’herbicide et construire son programme ?
« Observez les plantules déjà levées mais surtout, remémorez-vous l’historique de la parcelle et son niveau d’infestation les campagnes passées. Votre expérience, la bonne connaissance du parcellaire et de la rotation sont indispensables pour ajuster les programmes. »
« L’eau sert de taxi pour véhiculer l’herbicide jusqu’au système racinaire des adventices. De bonnes conditions hygrométriques dans le sol sont nécessaires pour une efficacité optimale du désherbage. »
Pour préserver l’environnement et s’assurer d’une application de qualité, garante de l’efficacité des produits, quel type de buses recommandez-vous ?
Gérer la dérive de pulvérisation sans affecter l’efficacité du traitement est un objectif incontournable. A la lumière de nombreux essais que nous avons menés avec nos solutions, il apparait clairement que l’utilisation de buses à injection d’air permet d’atteindre ce double enjeu notamment pour le désherbage d’automne. En effet la taille des gouttes n’a pas d’influence sur l’efficacité des herbicides d’automne.
Dès lors l’utilisation de buses à injection d’air générant des gouttelettes de plus gros diamètre permet de réduire très efficacement les risques de dérive (> 66 %) tout en assurant une efficacité optimale. Nous préconisons donc l’utilisation des buses à injection d'air homologuées ZNT (Zone Non traitées), très efficaces sur la dérive de pulvérisation et qui par ailleurs et comme le stipule l'arrêté du 4 mai 2017, permettent de réduire, sous conditions, les distances de ZNT pour les parcelles implantées près d’un cours d’eau. Le ministère de l’Agriculture publie régulièrement la liste homologuée de ces buses. »