Travail du sol : essentiel pour limiter la pression des adventices
Labour tous les deux ou trois ans, déchaumage, faux-semis, décalage de la date de semis : ces interventions en interculture aident à diminuer le stock de graines adventices et limitent les levées dans les cultures. Le travail du sol est un levier essentiel dans une stratégie de désherbage durable pour gérer, limiter ou préserver les parcelles du développement de la résistance.
Maîtriser l’enherbement au moment de l’interculture grâce à la combinaison des leviers agronomiques
Pendant l’inter-culture, l’effet du travail du sol sur la pression des mauvaises herbes est double. Non seulement il détruit immédiatement des adventices déjà levées mais il impacte également, de façon indirecte, le stock semencier présent dans les premiers centimètres du sol. Selon les situations, cette action permettra d’enfouir ou de remonter des graines pour les contrôler par la suite, de lever la dormance ou au contraire, de mettre en dormance certaines graines.
La mise en oeuvre des différents leviers agronomiques tels que le labour, le faux-semis ou le semis tardif est à choisir en fonction des conditions climatiques de l'année et peut permettre de diminuer la pression des adventices jusqu'à 90 %.
Combiner les leviers agronomiques sur la culture
Les points à retenir :
- Efficacité de la diversité des leviers agronomiques
- Raisonner l'itinéraire technique jusqu'au semi (Labour + Faux-semis + Semis tardif) permet de diminuer la pression adventice de plus de 90% avant les traitements herbicides
Faux-semis et déchaumage pour limiter les levées d’adventices
Le déchaumage est le plus souvent réalisé dans la foulée de la récolte.
Si le temps est humide et doux, il stimule la levée groupée de certaines espèces : bromes ou géraniums en août, vulpins ou ray-grass en septembre-octobre. Dans une stratégie de lutte contre le chardon, le déchaumage est déconseillé car en segmentant les rhizomes, il peut aggraver le problème. Mais le plus souvent, l’action d’un déchaumage est proche de celle d’un faux semis.
Le faux-semis, un désherbage clé pendant l'inter-culture
Le faux-semis consiste à préparer un lit de semences fin et rappuyer très tôt avant le « vrai » semis. Il s'avère très efficace pour limiter les infestations précoces dans la culture s'il est réalisé assez tôt avant le semis, en favorisant le maximum de levées d’adventices et faire ainsi diminuer la pression. Le faux semis s’avère efficace pour les adventices d’automne. Nous avons mesuré jusqu'à - 60 % de graminées sur nos plateformes d'essais.
Si les conditions le permettent, on pourra cumuler plusieurs faux-semis sur une même parcelle. Le sol ne doit pas être travaillé par la suite, ou toujours plus superficiellement par rapport à l’intervention précédente, pour ne pas faciliter la remontée des graines en surface. Sur le long terme, cette pratique réduit le stock semencier de la parcelle de façon non négligeable. La destruction des adventices s'effectuera chimiquement ou mécaniquement en fonction des conditions pédo-climatiques.
Le labour : un levier efficace pour épuiser le stock d'adventices
Le labour permet de « tamponner » les évolutions de flore : s’il n’est pas trop dressé, il enfouit une grande majorité du stock semencier superficiel, et remonte les graines jusqu’alors incapables de germer car trop profondes. Les graines en profondeur perdent leur viabilité au cours du temps, notamment les graminées. Il élimine par la même occasion les adventices levées.
Un labour sera vraiment efficace si il est réalisé tous les trois ou quatre ans. Les années suivants un labour, il faut en effet éviter de ramener à la surface le stock de graines enfouies l’année précédente. Pour cela, on se base sur un taux moyen annuel de décroissance du stock semencier de l’ordre de 75% — la plupart des graminées décroissent plus rapidement — le temps que le stock semencier enfoui ait quasiment été réduit à néant. Ce rythme de 3-4 ans permet par ailleurs de limiter un travail trop fréquent du sol et l’impact négatif que cela peut avoir sur la flore microbienne, la fertilité des sols dont dépendent vos cultures.