Vigne en pleine santé, vin de qualité !
Dans le bordelais, l’enjeu de la qualité des vins est central. Un dossier complexe, comme en témoigne le viticulteur Mathieu Bellet. Sa stratégie : mettre la santé de la vigne au premier plan, et aborder la protection fongicide le plus largement possible, en combinant les différents leviers existants.
« Mon itinéraire technique idéal, pour un vin de qualité ? Pas de produit du tout ! » La posture de Mathieu Bellet est volontairement provocatrice. Ce viticulteur, installé dans le bordelais, est toutefois réaliste. Selon lui, un vignoble est un milieu particulièrement propice aux maladies. « Des milliers de pieds, très concentrés, suivant un cycle identique… cela permet certes de tout vendanger en même temps, mais les maladies, sont favorisées en touchant tous les pieds simultanément. »
La qualité d’un vin se joue au vignoble
Selon Mathieu Bellet, la qualité gustative est un enjeu central pour le vin de Bordeaux : « De par mon activité de consultant, j’ai beaucoup voyagé, et je ne crois pas être chauvin en disant qu’aujourd’hui, nous proposons le meilleur rapport qualité/prix du monde ! C’est notre atout numéro 1. »
Son mantra : une plante qui se porte bien sera mieux armée pour faire face aux maladies et produire de bons fruits. Cette santé du végétal est la première condition pour obtenir un vin de qualité. « La santé de mes vignes, c’est mon métier, résume-t-il. Je veux avoir des pieds « champions olympiques », en pleine forme. Cela passe notamment par la nutrition foliaire, les biostimulants et la fertilisation. »
Mettre la santé de la vigne au cœur de l’enjeu de qualité des vins
La prophylaxie est évidemment un levier important. « Le botrytis est particulièrement préjudiciable pour la qualité de mes vins rouges et mes cépages (voir encadré) sont assez sensibles. Dès la taille, l’aération de la grappe est à soigner », illustre Mathieu Bellet. Mais pour avoir suivi des « dizaines d’essais », il sait que les conditions imposent souvent une intervention. « Pour mes Merlot, huit années sur dix, j’opte pour une application d’un produit conventionnel, au stade A ou entre les stades A et B, précise-t-il. J’essaie d’alterner les produits pour limiter le risque de résistance. » Mathieu Bellet a recours aux produits biocontrôle et conventionnels. Il a testé le biocontrôle Sonata face à l’oïdium en remplacement du soufre, responsable de l’altération des goûts dans les vins.
Privilégier l’expérimentation, quitte à faire des erreurs
« Si une vigne en bonne santé est le premier allié de la qualité des vins, c’est aussi un premier pas vers la préservation de l’environnement, car c’est aussi une meilleure base pour les solutions de biocontrôle par exemple, et un moyen de réduire les doses de produits phytosanitaires conventionnels. » Mathieu Bellet affirme que les viticulteurs du bordelais sont ouverts au changement. « Sur quinze ans, j’ai changé 80 % de mes pratiques de protection des vignes, illustre-t-il. Pour me plier à la réglementation, mais aussi par conviction, afin de trouver les choix techniques les plus pertinents économiquement et pour l’environnement, dans le sens de vins sûrs et de qualité. » Une volonté de progression continue qui passe par l’expérimentation. « J’essaye aussi de challenger mes interlocuteurs, conseillers et fournisseurs, de faire passer ma vision, de mettre la santé de la vigne au cœur de la qualité du vin. », conclut-il.
L’exploitation viticole de Mathieu Bellet est située dans le Sud-Est de la Gironde, à Omet, sur les coteaux surplombant la Garonne. Le domaine familial compte une vingtaine d’hectares, pour moitié exploités en Cadillac côte de Bordeaux rouge (Merlot, Cabernet Franc, Cabernet Sauvignon), et pour moitié en vins blancs liquoreux (Semillon, Sauvignon). Mathieu est également consultant et conseiller, via l’entreprise qu’il a lancée en 2004, VINEA Conseil.