Un patrimoine d’insectes auxiliaires, ça se cultive au verger !

Pourquoi chercher la petite bête ? Parce qu’être pointilleux peut-être une qualité, voire une compétence ! Notamment quand il s’agit d’examiner les insectes. L’entomologie en agriculture est une histoire qui s’écrit tant du point de vue des ravageurs que des auxiliaires. Bayer a lancé des études afin d’inventorier précisément l'ensemble des insectes sur une ferme partenaire située en Vallée du Rhône. Rampants ou volants ? Les insectes dans ce verger représentent un patrimoine entomologique et agronomique remarquable. Preuve de performance agro-écologique pour ce système de production.

La ferme de Beauvezet est située au carrefour de la Drôme, Ardèche, Vaucluse et du Gard. Deux études ont été mises en place en 2019 et 2020, afin de procéder à un inventaire entomologique complet de cette exploitation. Deux techniques de collecte ont été utilisées : des pièges placés au sol appelés « pots Barber », et des pièges d’interception, « les tentes Malaises ».

État des lieux de la faune rampante et volante

4 715 insectes ont été récoltés et identifiés dans cette étude pluriannuelle ce qui a permis de dresser une liste d’inventaire de 274 espèces. Un résultat que l'on peut qualifier de "classique", rassurant en milieu agricole. Les coléoptères représentent la majorité des espèces (48% du site), suivis des hyménoptères (27 %).

Des résultats classiques en milieu agricole = diversité entomologique

  • 104 espèces d'auxiliaires des cultures distinctes
  • Fort intérêt patrimonial et environnemental : 31 espèces dites remarquables (plus rares)
  • Aucune espèce protégée ou menacée

D’après M. JD CHAPELIN VISCARD, expert écologue en charge de l’étude, responsable du Laboratoire d’Eco-entomologie basé à Orléans : « Outre le fait d’informer l’arboriculteur sur les espèces évoluant au sein de son exploitation, les études agro-écologiques contribuent à mieux connaître les insectes d’un département ou d’une région puisqu’elles donnent souvent lieu à des découvertes singulières : des espèces inattendues ou des espèces rares. Il est d’autant plus important de préserver ces espèces qui présentent une certaine patrimonialité ».

Découverte d'un métier

Un entomologiste est une personne spécialiste de l’entomologie, de l’étude scientifique des insectes (zoologie).

Que retenir de cette étude ? De la performance agro-écologique !

Ce site agricole présente de forts intérêts, à plusieurs niveaux. D’abord par sa diversité entomologique et patrimoniale : pas moins de 31 espèces d’insectes dites remarquables sont présentes sur cette exploitation arboricole, même si aucune n’est protégée ou menacée. Ensuite, les groupes d’insectes auxiliaires représentent pas moins de 104 espèces distinctes, ayant un intérêt agronomique et donc économique ! Cette biodiversité « fonctionnelle » est prise en compte, au regard des habitats présents dans ce milieu arboricole de vallée du Rhône (zones humides, milieux ouverts et boisés), ainsi que dans la conduite de cet agrosystème arboricole. On parle là de performance agro-écologique.

Stéphane Bonnissol, ingénieur biodiversité chez Bayer, à l’origine du partenariat pour la mise en place de ces études précise que « cet agriculteur est dépendant de cahiers des charges tournés vers l’aval et la mise en marché de ses fruits. Il anticipe énormément toutes ses actions. Son verger est un oasis entomologique ! Un système de culture exemplaire en termes d’agro-écologie. Il place le raisonnement agronomique au cœur de ses nombreuses décisions quotidiennes. En agriculture, on a la biodiversité que l’on mérite, suivant les actions terrain que l’on engage. Les auxiliaires, ça se protège, et ça se cultive. »

Mieux les connaître pour mieux les protéger… Les insectes sont aussi des alliés des arboriculteurs ! Détaillons ces auxiliaires découverts dans cette étude.

Des carabes en abondance

La densité de carabes est élevée sur ce site arboricole : 33 espèces pour 1159 individus collectés. C’est supérieur aux références arboricoles du Vaucluse et de l’Hérault.

Ces carabes sont en majorité des espèces de milieux ouverts qui fréquentent régulièrement l’agrosystème arboricole. Néanmoins, on peut noter la présence de carabidés de milieux humides (12 % des effectifs), en lien avec la proximité du fleuve Rhône.


Bon à savoir. Pourquoi est-il utile d’avoir des carabes sur son exploitation ?

Chaque jour, les carabes consomment l’équivalent de leur poids en proies ! La grande majorité des carabes sont des auxiliaires des cultures. La nourriture des adultes est liée à leur taille : 

  • 15 mm : limaces, escargots, pucerons, etc.
  • 5-15 mm : pucerons, thrips, larves de lépidoptères (carpocapse...)
  • < 5 mm : acariens, œufs d’arthropodes…

Une diversité de coccinelles

Dans ce verger, et cela peut être considéré comme élevé, 23 espèces ont été identifiées parmi les 1374 spécimens (larves et coccinelles adultes). Une majorité d’espèces inventoriées (50 % des effectifs) est dite de milieux ouverts et un tiers est ubiquiste, présent partout à la fois. Cette diversité non négligeable est liée aux boisements, et non aux zones humides.

Le site héberge surtout des coccinelles prédatrices, notamment aphidiphages, c’est-à-dire qui se nourrissent entre autres de pucerons. Des agents de lutte biologique !

Le saviez vous ? Les coccinelles se nourrissent de pucerons

La majorité des coccinelles sont auxiliaires des cultures :

  • Carnivores à l’état larvaire
  • Omnivores à l’état adulte

Elles consomment des pucerons, des cochenilles et des acariens. 

Des syrphes en effectif élevé

Dans cet inventaire, les effectifs de syrphes sont élevés (575 individus), mais les espèces peu diversifiées (20 au total). Ce sont des diptères très mobiles. Une majorité d’espèces (15, soit 98 % des effectifs) sont des larves terrestres et prédatrices aphidiphages, mangeuses de puceron. Cet auxiliaire joue donc un rôle certain dans la régulation naturelle des pucerons dans ce verger !



Les syrphes : des mouches ? 

Les syrphes sont des diptères (mouches), souvent confondus avec les guêpes, les taons ou les abeilles. Ils possèdent une seule paire d’ailes. Ils ne piquent pas. Ils effectuent des vols stationnaires alternés avec des vols latéraux très rapides.  

Une richesse de sphécides

Dans cette étude, un nombre important de sphécides (66 espèces) ont été recensées pour 705 individus. Les effectifs sont très élevés, diversifiés, et indiquent un milieu particulièrement favorable. En effet, ces guêpes solitaires nichent dans les sols, dans des terriers. Elles apprécient particulièrement les sols sableux de la Vallée du Rhône (un sol stable, friable est très favorable). A signaler la présence d’espèces de sphécides liée à la végétation locale : tiges, bois mort, cavité végétale...


Les sphécides : des guêpes ? 

Les Sphécides sont aussi nommées guêpes solitaires. Ce sont des guêpes prédatrices, aux mœurs surprenantes ! En milieu agricole, les plus nombreuses sont de toutes petites guêpes noires (moins d’1 cm, souvent 6 à 7 mm) pouvant être confondues avec de petits moucherons. 

Source des données : Etude entomologique Bayer 2019-2020 sur exploitation arboricole en vallée du Rhône