LE MAG DU BIOCONTRÔLE - ÉPISODE 16. Trois pistes pour que le biocontrôle décolle en France.
Les alternatives biologiques aux produits phytosanitaires classiques se cantonnent aujourd'hui à un peu plus de 5% du marché total de la protection des cultures, alors même que l'on constate une augmentation de 150% des homologations de produits de biocontrôle en France, entre 2016 et 2019. Comment l'expliquer ?
On peut considérer que le dispositif de délivrance des autorisations de mise en marché auprès des agriculteurs a logiquement été pensé pour les produits de synthèses depuis l’amont, au niveau de la recherche, jusqu'à l’aval dans le champ. Mais, avec l’accélération du rythme d’homologation des produits de biocontrôles en France, l’explication est sans doute à chercher ailleurs. Et si le biocontrôle, dans son approche globale, restait encore trop complexe à appréhender dans le cadre d’un itinéraire cultural ?
« On est obligé de passer d’une logique « un problème/une solution » – j’ai de la fièvre je prends des antibiotiques – à une logique beaucoup plus globale et complexe. Il faut analyser tous les paramètres, tous les symptômes et seulement ensuite, définir la meilleure stratégie à adopter. Plus on est proche de la plante et de sa connaissance, plus on peut réussir. Mais les réussites ne sont jamais à 100%. »
Par ailleurs, les substances issues du vivant présentent des caractéristiques qui rendent leur application plus compliquée. Or, depuis deux ans, c’est justement dans le domaine des micro-organismes que l’évolution du biocontrôle est la plus importante. Gilbert Grenier explique : « C'est complexe, également sur le plan de l'application. À chaque produit de biocontrôle, ses modalités d'application. S’il y a des systèmes où on va être proche de ce que l'on fait avec des produits chimiques, c'est à dire la pulvérisation et un certain nombre de gouttes par centimètre carré, d'autres sont vraiment différents. À chaque produit sa technique d'application. »
Le déploiement des produits de biocontrôle pourrait être boostée par la mise à disposition de références sur les bonnes conditions d'emploi des produits, d'une part, et de formation des techniciens ou des utilisateurs d'autre part. Les nouvelles technologies pourraient aussi permettre de fiabiliser l'efficacité de ces produits qui sont très sensibles vis-à-vis des conditions climatiques, ce qui rend le standard qualitatif de la récolte plus incertain.
« Avec les produits chimiques, on avait aussi une part d’incertitude, notamment avec les problèmes d'hygrométrie, de température, etc. Ces paramètres devront être pris encore plus en compte. Ceci dit, on a des outils pour prévoir la météo, des outils performants et qui sont capables de nous dire, par exemple, demain de telle heure à telle heure c'est possible. Il faut généraliser l'utilisation de ces systèmes de prévision météo et ces outils innovants permettant d’améliorer l’organisation du travail. »
Amélioration de la stabilité des produits, formation et conseil auprès des agriculteurs, consolidation d'un système d'agriculture de précision, voici trois axes clés pour permettre à la lutte biologique de décoller en France.
Sur le court terme une autre piste à explorer au cours de l'itinéraire cultural serait de coupler les produits de biocontrôle à des produits traditionnels afin de rendre le standard qualitatif de la récolte moins incertain.