Des leviers agronomiques innovants à l'essai pour optimiser le rendement et réduire l'impact environnemental
Variétés de blé couvrantes, plantes compagnes, désherbage mixte, s’invitent cette année sur la plateforme Culture Champs Nord pour contrôler efficacement et durablement le ray-grass. Ces leviers font partie des nouvelles pistes pour maximiser le rendement aux côtés des pratiques agronomiques les plus utilisées, comme le décalage de la date de semis et le labour. Elles sont couplées à quatre stratégies de désherbage chimique pour viser le 100 % d’efficacité.
Pour cette campagne 2020-2021, l’objectif de la plateforme Culture Champs Nord installée à Hangest-en-Santerre (80) sur la ferme de Jean-Marc Debreu, est de confirmer les stratégies de désherbage les plus efficaces face à une infestation d'environ 100 ray-grass/m2 sur un blé semé dans un sol limoneux derrière une pomme de terre.
Les nouveaux leviers agronomiques testés portent sur la gestion de la couverture du sol. Que ce soit l’utilisation de plantes compagnes ou de variétés à ports couvrants, elles doivent limiter la levée des adventices. Des méthodes de désherbage combinatoire sont aussi travaillées. Elles s’appuient sur la complémentarité du désherbage chimique et mécanique.
Des ateliers annexes permettront de se centrer sur des thématiques complémentaires dans le but de sécuriser le rendement sur le cycle des cultures tout en limitant l'impact environnemental.
- La baisse de l'Indice de Fréquence de Traitement (IFT) sera travaillée sur l’ensemble d'un itinéraire en betterave dans le cadre de l’utilisation des herbicides, fongicides, insecticides en lien avec le choix variétal « Nous travaillerons le désherbage sur le rang, le désherbage mécanique afin d’évaluer la réduction du nombre de passages pour la partie herbicide », explique Sarah Fatmi.
- Des essais fongicides sur céréales intégrant des solutions de biocontrôle évalueront notamment l’efficacité des fongicides à la feuille mais aussi à la floraison face au risque fusarioses et mycotoxines en lien avec les aspects qualité des récoltes.
Une cartographie du rendement sera établie avec l’outil numérique Climate Fieldview à l’échelle de l’exploitation qui héberge la plateforme.
Techniques de désherbage innovantes sur blé, le compromis à trouver entre bénéfices environnementaux et risque économique
Les variétés de blés à port couvrant, une solution pour limiter la concurrence du ray-grass ?
Avec un développement rapide et des ports plus couvrants, le choix de la variété peut avoir un effet plus ou moins négatif sur les levées de ray-grass. Cette caractéristique est à l’étude avec la variété Apache. Le reste de la plateforme est semé avec la variété Chevignon.
La partie de l’essai semée avec Apache montre un port plus couvrant. Le sol a aussi été couvert plus rapidement, reste à savoir si cette pratique aura un effet significatif sur l’efficacité finale.
Les plantes compagnes, en observation jusqu’à la sortie d’hiver
Une féverole a été semée dans le blé. Cette technique vise à assurer une bonne couverture du sol pour limiter la levée des adventices.
La plante compagne est laissée dans la culture afin de suivre son développement jusqu’en sortie d’hiver.
« Nous verrons à cette période son état et si nous devons la détruire pour préserver le rendement », explique Sarah Fatmi. L’objectif est aussi d’évaluer l’impact des programmes de traitements d’automne sur cette légumineuse.
- Co-bénéfices pour l’eau : la couverture du sol limite le ruissellement. Elle structure le sol ce qui permet une bonne infiltration de l’eau.
Désherbage mixte, une technique à déployer sur sol ressuyé
Mobiliser le travail mécanique en relai des programmes de traitement est un moyen de renforcer leur efficacité, voire de limiter les passages et réduire l’IFT. Un passage de houe rotative en complément du désherbage d’automne est programmé à partir du 15 février, dès que le sol sera ressuyé.
- Co-bénéfices pour l’eau : le fait d’ouvrir le sol, avec la houe rotative crée des fentes et favorise la circulation de l’eau. Le travail superficiel du sol évite la stagnation des eaux en surface, une des causes du ruissellement.
Les leviers agronomiques 'dits' classiques : une valeur sûre
Le labour, le décalage de la date de semis, le faux-semis font partie des techniques qui apportent des bénéfices aussi bien pour abaisser le stock semencier que pour protéger la ressource en eau. Cette année, l’objectif est de confirmer leur efficacité sur ray-grass.
- Co-bénéfices pour l’eau : réalisée perpendiculaire à la pente, le labour va freiner le risque de ruissellement. Le faux-semis permet de casser la croûte de battance. Le ruissellement est freiné car l’eau circule mieux dans le sol. La préparation du sol ne doit pas être trop fine.
« Les effets bénéfiques du labour et du décalage de la date de semis ou du faux-semis sont désormais bien identifiés en désherbage. Nous explorons des leviers agronomiques plus innovants. Notre souhait est de pouvoir s’appuyer sur un maximum de nouvelles pratiques afin de renforcer l’efficacité des programmes de traitement dans les parcelles infestées et de diminuer, quand cela est possible, le recours aux solutions chimiques. »
Jouer sur la profondeur de semis pour prévenir le risque phytotoxicité des produits d'automne
Un atelier annexe a été mis en place pour illustrer concrètement les mesures de gestion pour réduire le risque de phytotoxicité à l’automne. Premier levier mis en place : la profondeur de semis. La graine a été placée à 3 cm au lieu de 1,5 cm. Le but étant de protéger au mieux les jeunes racines pour éviter le contact avec les molécules. Pour accentuer le risque de phytotoxicité, une pluie importante a été simulée 6 heures après le traitement.
Résultats : trois semaines après les traitements, les essais présentaient des différences dans l’intensité des symptômes validant les effets positifs d’un terrage profond. Les observations doivent néanmoins se poursuivre et être comparées aux potentielles pertes à la levée.
« L’anticipation est le maître mot pour gérer plus facilement le désherbage chimique. Nos recommandations concernent à la fois le bon positionnement des traitements, la gestion du risque de phytotoxicité mais aussi l’utilisation responsable des herbicides afin de préserver la ressource eau. »
Programmes herbicides, le complément pour viser une efficacité totale
Quatre programmes des traitement herbicides sont évalués en complément des pratiques agronomiques et le désherbage mécanique. Trois d’entre eux se centrent sur des passages exclusifs à l’automne, un quatrième prévoit une application à l’automne relayée par rattrapage en sortie d’hiver avec la gamme Mesomaxx.
Programmes herbicides à l’automne
- Pré-levée (1 passage) : Mateno® 2 l/ha
- Post-levée précoce 1 feuille (1 passage) : Fosburi® 0,6 l/ha + prosulfocarbe 2,5l/ha
- Pré-levée puis post-levée précoce (2 passages) : Mateno® 2 l/ha puis prosulforcarbe 3l/ha
- Automne puis sortie d’hiver (2 passages) : Mateno® 2l/ha en pré-levée puis Atlantis® Pro en sortie d’hiver
Résultats fin janvier : grâce à de très bonnes conditions à l’automne (humidité du sol…) tous les traitements d’automne réalisés sont globalement très satisfaisants. De 98 à 100 % d’efficacité ressortent dans les premières notations. Reste à confirmer ces bons résultats avec les notations plus tardives.
Evaluer le meilleur moment pour positionner le traitement en sortie d’hiver
Les conditions pédoclimatiques en sortie d’hiver (température, hygrométrie, humidité du sol, stade des adventices…), le positionnement avant ou après la fertilisation azotée influencent fortement l’efficacité des herbicides.
Différentes dates d’application d’Atlantis® Pro sont programmées à partir de la mi-février et afin d’évaluer l’impact de ces différents paramètres.
L’effet du désherbage automne sur le bon positionnement d’un traitement en sortie d’hiver est aussi étudié.
Dès le mois de juin nous serons heureux de vous accueillir au travers de visites organisées. Plus d’informations dans les semaines à venir...