LE MAG DU BIOCONTRÔLE - ÉPISODE 15. La septoriose du blé à l'épreuve du biocontrôle
Pourquoi si peu de produits de biocontrôle pour les grandes cultures ? Alors qu'aujourd'hui on dénombre plus de 500 produits homologués en solutions naturelles, ces dernières se font encore discrètes en grandes cultures. Nous sommes allés cette semaine questionner les ingénieurs de l'YNCREA dans les Hauts de France sur les moyens de lutte qui sont développés, notamment contre la septoriose du blé.
"De plus en plus de produits sont homologués, mais seulement en cultures spécialisées. Très peu de produits sont disponibles en grandes cultures". Le constat d'Ali Siah de l'YNCREA de Lille (structure regroupant les écoles d'ingénieurs HEI, ISA et ISEN), montre la nécessité de réfléchir davantage aux solutions naturelles pour lutter contre les maladies en grandes cultures.
Quand on sait que la culture de blé représente 5 millions d'hectares en France et 25 millions d'hectares en Europe, on comprend que les solutions biologiques sont un enjeu majeur. Le Mag du Biocontrôle a rencontré les ingénieurs de l'YNCREA pour mieux comprendre l'état actuel du biocontrôle en grandes cultures et s'est intéressé de près à la lutte contre la septoriose du blé.
L'utilisation des méthodes de biocontrôle demeure encore plus coûteuse que les produits conventionnels. À l'YNCREA, les ingénieurs réfléchissent pourtant à trouver des molécules d'intérêt pour les grandes cultures. Extraits de plante, co-produits de production agronomique ou agroalimentaire, micro-organismes, une palette de dispositifs qui offrent une large diversité de moyen de lutte.
Dans l'exemple de la septoriose du blé, première maladie de cette céréale, la principale préoccupation des chercheurs, c'est l'efficacité des produits utilisés. Pour cela, leur travail s'articule autour de deux acteurs : les biofongicides, dont l'action est de tuer la maladie, et les stimulateurs de développement, qui ont pour objectif de renforcer et faire office de vaccin sur la plante.
L'efficacité est un véritable enjeu des solutions de biocontrôle, surtout lorsqu'on manipule des micro-organismes. Entre le laboratoire et le champ, les applications ont parfois des résultats variables. Tout le travail des chercheurs, c'est de comprendre l'action de ces solutions naturelles sur la plante et de parvenir à "transférer l'efficacité d'un système contrôlé à un système de production", comme l'explique la professeure de l'YNCREA Pauline Trapet.
Des recherches prometteuses puisque ce sont près d'une trentaine de composés qui ont été identifié par l'YNCREA comme "détenteurs d'un potentiel majeur" pour protéger le blé, comme notamment les lipopeptides issus des souches bactériennes de type baccilus.